Monnaie, dette, finance

METTRE LA MONNAIE ET LA FINANCE AU SERVICE DU PEUPLE FRANÇAIS, ET RÉGLER LE PROBLÈME DE LA DETTE.

« Un État, un peuple, une monnaie », voici l’un des principes de base de la science économique, l’un des rares qui défie l’expérience des siècles et des géographies. Nombreux sont les économistes qui adhèrent à cette vision pragmatique, parmi eux plusieurs prix Nobel dont Joseph Stiglitz pour qui « ceux qui quitteront en premier l’euro seront ceux qui s’en sortiront le mieux ».

Toutes les analyses lucides non sponsorisées par des banques ou des multinationales, dont l’étude des « Scenarii de dissolution de l’euro », réalisée en 2013 par Jacques Sapir et Philippe Murer pour la fondation Res Publica, se rallient au bon sens pour aboutir à la même conclusion : sans maîtrise de sa monnaie, il est impossible de mener une politique économique dans l’intérêt du peuple.

Reconquérir

notre souveraineté monétaire

Si elle veut être à nouveau aux commandes de son développement et de la prospérité du peuple, la France doit pouvoir contrôler sa monnaie, via son taux de change et le taux d’intérêt directeur de sa banque centrale pour :

  • Ajuster le taux de change à sa compétitivité et son inflation structurelles au lieu de jouer à la baisse les salaires (la « dévaluation interne »), afin de maîtriser sa position dans la concurrence internationale et pouvoir équilibrer sa balance commerciale (moins d’importations qui coûtent, plus d’exportations qui rapportent).
  • Utiliser le taux d’intérêt pour canaliser la croissance, dégonfler les bulles spéculatives et compenser efficacement les récessions.

Il y a bien d’autres raisons encore, et pas les moindres : les traités européens et les contraintes de l’appartenance à l’euro interdisent l’application de la quasi-totalité du programme économique de La Concorde Citoyenne, quand la Commission européenne ne « recommande » pas tout simplement les mesures inverses.

Après vingt années d’expérience concrète, l’euro a fait la preuve de son échec.

  • Toujours au-dessus du dollar comme si une monnaie chère était forcément une monnaie forte, et une aubaine pour l’Oncle Sam.
  • Il est légèrement sous-évalué pour les Allemands, la situation idéale pour ce pays très industrialisé.
  • En revanche il est surévalué pour nous, et plus encore pour les économies du Sud de l’Europe, creusant le puits sans fond de notre déficit commercial et forçant l’ajustement à la baisse sur les salaires des Français, en échange d’une « stabilité » qui n’arrange en réalité que les multinationales qui se voient libérées du risque de change.

L’argument de la monnaie unique qui « simplifie les choses » et permet de dépenser à l’étranger sans se tracasser est vite apparu pour ce qu’il est : un slogan creux pour classes aisées et jeunes voyageurs, qui s’aperçoivent rapidement qu’on n’a pas plus de mal à régler ses achats à Marrakech plutôt qu’à Madrid, à Dubrovnic plutôt qu’à Rome ou Lisbonne.

Conscients de ces réalités, certains présidents français avaient promis d’obtenir sa dévaluation. Leurs vœux sont restés sans réponse car c’est à Francfort qu’en toute indépendance (des États mais pas des marchés) la Banque centrale européenne tisse la même cote mal taillée pour dix-sept pays.

Une fois les lois françaises et européennes remises dans le bon ordre de priorité et dans le cadre de notre plan de sortie de l’Union européenne , il sera impératif de retrouver rapidement notre souveraineté monétaire par le passage au nouveau franc, le franc de l’affranchissement, sur une base « 1 franc = 1 euro » qui préservera l’épargne et les retraites des Français et évitera l’inflation due à la valse des étiquettes.

Il importe finalement peu que les traités européens n’en fassent pas mention, les plans de retour aux monnaies nationales sont prêts dans toutes les banques centrales des pays concernés, sur la base de dispositifs prévus à l’origine par les Allemands qui voulaient s’autoriser à changer d’avis.

La sortie de l’euro est bel et bien possible, et largement documentée (lire Nikonoff, Rosa, Sapir, Murer…). Les Allemands seront les premiers à suivre et les autres avec, le temps d’un week-end. Les peuples grec, espagnol, italien ou portugais y retrouveront la bouffée d’air dont ils ont cruellement besoin et très peu seront ceux qui regretteront l’euro.

Il sera alors temps de convoquer ce que la plupart des pays du monde attendent depuis longtemps : une grande conférence internationale en vue de fonder un « nouveau Bretton Woods » pour réformer le système monétaire mondial, sortir de l’étalon-dollar en mettant à jour le poids respectif des monnaies dans un étalon plurimonétaire et plurimétallique. La France profitera de cette occasion pour renégocier sa position au FMI, pour ce qui concerne sa participation financière autant que le fonctionnement général de l’institution.

Banque de France,

BANQUE DES FRANÇAIS

La Banque de France retrouvera sa prérogative de battre monnaie pour le compte de l’État. Elle redeviendra une véritable banque nationale, source de crédit pour les infrastructures et la production.

C’est le retour du « circuit du Trésor », aussi appelé crédit productif national, outil principal de la prospérité des Trente glorieuses jusqu’en 1973, qui s’appuie sur une part des fonds propres des banques privées conservés par la Banque centrale pour garantir des prêts à 0% dans les investissements publics, ainsi que des prêts bonifiés à -1% pour relancer l’économie productive via les banques privées. Cet argent n’est pas « magique », il n’est pas « créé ex nihilo ». C’est un emprunt qui sera remboursé mais qui permet de libérer l’investissement productif de l’État (santé, écoles, routes, rail, énergie, etc.) du rouleau compresseur des intérêts qui ne laisse le choix qu’entre le surendettement (et la vente de tous les actifs publics qui va avec) et l’asphyxie monétaire dans la quête désespérée d’un remboursement impossible.

La création monétaire ainsi rendue au peuple français via l’action de l’État n’est pas « le retour de la planche à billet » mais la création d’une planche à billet publique à côté de toutes les planches à billets déjà existantes que l’on appelle communément « banques privées ». Cette création de monnaie par l’État doit bien entendu être modérée, acceptable pour les équilibres généraux de l’économie, corrélée aux investissements productifs à rendements croissants, l’innovation et tout ce qui permettra la création d’emplois durables. Sous peine de voir son effet bénéfique rapidement digéré par l’inflation, elle doit le moins possible servir la redistribution directe, sauf pour les cas de pénurie monétaire ponctuelle, de catastrophe naturelle ou d’événement imprévu type Covid.

Lors de la publication du budget de l’État consolidé et sur la base d’études indépendantes évaluant le risque d’inflation induit, les parlementaires devront se prononcer sur la monétisation par la Banque de France de tout ou partie du déficit constaté (procédure d’escompte). Les lois du 4 août 1993 et du 12 mai 1998 interdisant les avances directes de la Banque de France au Trésor public en vertu du traité de Maastricht devront être abrogées pour cela.

En cas d’approbation de l’escompte par les parlementaires, la banque centrale fournira la monnaie nécessaire pour boucler le budget et ne pas créer de dette supplémentaire. En cas de rejet de tout ou partie, l’État devra équilibrer ses comptes en empruntant à taux zéro auprès de la banque centrale, ou bien sur les marchés financiers si le plafond de monétisation est atteint. En effet, la totalité des sommes générées par ces deux mécanismes (circuit du Trésor et escompte) ne devra pas occasionner une augmentation de la masse monétaire supérieure à la croissance visée (raisonnablement 2 à 2,5%, soit 70 à 80 milliards d’euros par an).

Se libérer

DU FARDEAU DE LA DETTE

Un audit de la dette publique française est impératif et urgent, pour savoir qui la détient mais aussi pour évaluer la proportion de dette dite « illégitime », due à des mécanismes financiers prédateurs dirigés contre notre pays.

20% de la dette publique peuvent être annulés rapidement, détenus « en propre » par la Banque de France dans le cadre des derniers plans européens. Cette part peut être effacée sans dommage pour l’économie ni léser les épargnants. La part restante, le plus souvent placée par les banques dans les produits d’épargne français et étrangers (ainsi que les retraites par capitalisation, contrats d’assurance-vie, etc.) sera étalée, « roulée », notamment par le mécanisme de la « dette perpétuelle ».

Les mécanismes monétaires décrits ci-dessus ainsi que le rééquilibrage fiscal que nous mettrons en place permettront à l’État de se projeter enfin sur un budget à l’équilibre qui ne créé pas ou peu de nouvelle dette, surtout si le parlement vote la monétisation du faible déficit prévu par notre programme (20 milliards d’euros, hors investissement public par le circuit du Trésor).

Convoquer les états généraux

DE LA FINANCE ET DES « AFFAIRES »

Notre objectif est de libérer l’économie réelle de l’hystérie de la sphère financière qui met nos vies et nos moyens de subsistance à la merci des magnats du « casino goulag », selon l’expression d’un financier américain.

Les institutions financières, qu’il s’agisse des banques, des compagnies d’assurance ou des fonds d’investissement constituent le cinquième pouvoir de la société (exécutif, législatif, judiciaire, médiatique, financier). Le moment est venu d’inscrire dans la Constitution les principes de son encadrement, par référendum et en commençant par :

  • Le retour de la Banque de France dans le giron étatique (voir plus haut).
  • La séparation stricte des banques de dépôt et des banques d’affaires.

Une fois les établissements bancaires séparés, l’État pourra garantir les dépôts des épargnants sans avoir à renflouer les parieurs les plus malchanceux avec les impôts des Français.

En cas de faillite d’une banque privée, une commission parlementaire sera créée dotée de pouvoirs d’instruction et de réquisition afin d’enquêter sur la situation de la banque et les malversations éventuelles. L’enquête devra être relayée par les chaînes publiques de télévision et de radio, qui pourra mener en dernier ressort à une nationalisation-sanction.

La Bourse de Paris sera arrachée à ICE-NYSE-Euronext (compagnie logée dans l’État-paradis fiscal américain du Delaware) pour être nationalisée. Des réflexions seront ouvertes sur l’opportunité d’un arrêt de la cotation en continu pour calmer la frénésie spéculative.

De plus, les organismes et filiales non soumis à la réglementation bancaire (« shadow banking ») et les marchés financiers non répertoriés (« dark pools ») ne seront tolérés que s’ils acceptent de s’y conformer.

La « finance créative » va enfin devoir être appelée par son véritable nom : la fraude et l’évasion fiscale. L’évasion de dividendes ou la fraude à la TVA n’en sont que quelques exemples, tout comme les tentatives d’évitement à prévoir une fois la microtaxe sur les transactions financières mise en place. L’Autorité des marchés financiers (AMF) et Tracfin seront dotés des moyens nécessaires (effectifs, salaires et primes, technologies informatiques) pour atteindre un objectif raisonnable de récupération de 20 milliards d’euros la première année, sur un total évalué entre 80 et 120 milliards chaque année. L’Autorité de Justice indépendante reconstituera de son côté un nouveau pôle financier qui devra tirer les leçons des erreurs du passé.

Avec tout le respect dû à nos partenaires britanniques et américains qui en parrainent un certain nombre, la France élargira autant que nécessaire la liste des pays dits « non coopératifs », autrement appelés paradis fiscaux. Mais pour inciter au rapatriement des fonds « réfugiés » à l’étranger, nous n’opposerons pas dans un premier temps de poursuites en cas de remboursement des sommes dues, dont une partie pourra être investie dans le made in France.

Pour faciliter les enquêtes fiscales, le « verrou de Bercy » sera aboli, ce qui signifie que le ministre de l’Économie n’aura plus son mot à dire sur les cas soumis à ses équipes. La fraude fiscale sera réintégrée dans le droit commun pénal, et les cas les plus graves de délinquance financière devront mener à la prison dans le cadre d’un durcissement général des peines encourues pour ce type de délits.

Enfin, pour donner l’exemple sur son territoire, La France mènera une lutte farouche contre les corruptions de tous types : qu’il s’agisse du monde des élus ou de celui des affaires, dans les marchés publics et privés (fausses factures, rétrocommissions, marchés truqués…) ainsi que dans les milieux administratifs (trafics d’influence, favoritisme, népotisme et autres dessous de table).

L’ouverture des états généraux de la banque et de la finance permettra de déterminer les mécanismes à mettre en place en bonne intelligence pour ne pas voir se tarir les flux de capitaux vers la France tout en assumant le rapport de force avec une industrie vitale mais trop souvent prédatrice et dotée de moyens faramineux et de relais médiatiques pour faire valoir ce qu’elle pense être son droit régalien.

Mais l’argent est comme le fumier : amassé à un seul endroit il empeste et attire les mouches, alors qu’étalé un peu partout il est un formidable engrais.

Sous la contrainte de l’État régulateur et au service du peuple, il devra par conséquent sortir de ces discussions un nouvel équilibre dans lequel l’industrie financière d’une nation se place au service de cette nation, et non l’inverse.

 

Voici le programme pour la monnaie, la dette et la finance créé par les citoyens de plusieurs collectifs réunis dans La Concorde Citoyenne. Il est défendu par Fabrice Grimal aux élections présidentielles de 2022.