Enseignement

ENSEIGNER
PLUTÔT QU'ÉDUQUER

Depuis une cinquantaine d’années, nous assistons à une dégradation continue du niveau d’éducation de la population, tant du point de vue du savoir acquis et de la culture générale que des capacités de réflexion personnelle aggravées par une perte du niveau de langage.

Les symptômes de ce recul intellectuel généralisé sont explorés dans des études statistiques qui recoupent bien souvent les constats de bon sens exprimés par les parents d’élèves et par tous ceux qui incriminent la télé réalité, les écrans, les jeux vidéo, et le manque d’appétit pour la lecture. Un recul généralisé, comme en témoigne le niveau désormais dramatiquement bas de nos « élites » politiques et médiatiques, les débats de société confus (quand ils ne sont pas complexifiés à dessein), et cette pratique devenue systématique de la prime à l’émotion sur la raison dans un contexte d’« enseignement de l’ignorance » (Christopher Lasch) et de « désinstruction nationale » (René Chiche).

Mais la démocratie est le régime politique qui fait le pari de l’intelligence, ce qui fait que dans un État démocratique, l’instruction du peuple est une mission régalienne car il doit être instruit pour être libre et le rester.

Une éducation digne de ce nom est en outre indispensable pour assurer la continuité de la vie de la nation. Une société qui relègue la transmission ainsi que l’indispensable élévation des capacités de sa jeunesse au second plan compromet gravement son avenir et manque au plus élémentaire devoir envers ses enfants.

En matière d’éducation plus qu’en d’autres domaines, il est temps de rompre avec les lubies de théoriciens égarés et de remettre l’institution à l’endroit : les élèves doivent redevenir des élèves, non des usagers, les enseignants doivent redevenir des professeurs, non des employés, et l’école enfin doit redevenir le sanctuaire de l’intelligence et de la culture de l’esprit.

Par démagogie ou simple désinvolture, on a introduit dans l’école des pratiques qui contreviennent à tout bon sens ainsi qu’aux principes mêmes de toute éducation, comme le fait de « négocier » l’autorité au lieu de l’affirmer et de l’exercer franchement, ou encore celui de faire débattre les jeunes gens sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas tout en se dispensant de leur transmettre des connaissances véritablement formatrices pour l’esprit.

Par lâcheté aussi, on s’est employé à se faire aimer de l’enfant et le flatter au lieu de l’éduquer et de lui donner des repères, en lui refusant là encore le soutien d’une autorité rassurante et solide, considérée à tort comme un pouvoir tyrannique.

On s’est enfin, de mille manières, payé de mots en promettant à tous une réussite sans objet, tout en négligeant et en finissant par sacrifier le principal, l’instruction elle-même. L’école est à reconstruire, en commençant par réparer les dégâts causés par la loi de « refondation » de l’école de 2013 ainsi que celle de 1989 qui en est la matrice, afin de remettre l’institution scolaire et la politique éducative de la nation sur de bons rails.

Enseigner

PLUTÔT QU’ÉDUQUER

Le but d’une politique éducative digne de ce nom est d’élever le plus grand nombre de citoyens au plus haut degré d’instruction et de culture que leur capacité leur permet d’atteindre. Cela n’implique pas que tous ceux qui mettent les pieds à l’école en sortent chirurgien, avocat ou ingénieur. Le contrat moral de la nation avec l’école a pour seule clause que tout individu, quelle que soit sa destinée, en sorte capable de raisonner et sachant bien manier le français, l’instrument indispensable à l’acquisition de véritables connaissances afin de se forger, sur n’importe quel sujet, un jugement critique, éclairé et vraiment libre.

Parmi les moyens pour atteindre ces objectifs, le rôle du corps enseignant est de première importance. L’époque des « Hussards de la République » est révolue pour autant celle du délabrement auquel nous ont menés les politiques de ces dernières décennies nous amène à penser que la relation si spéciale entre un maître et ses élèves doit à nouveau, sinon y ressembler, s’en approcher. Les injonctions, naturelles en matière éducative, de discipline, de respect de l’autorité, d’attention soutenue ont entre-temps été sapées et retirées de l’apanage légitime des professeurs pour laisser place à tout un bestiaire de gadgets pédagogiques qui a dérouté la ligne simple et directe de la transmission du savoir.

Le poids excessif donné progressivement aux tiers (administration, parents, élus, éditeurs, journalistes) par des ministres faibles et subissant la pression de pédagogistes-idéologues est une source permanente de dysfonctionnements majeurs à laquelle il faut mettre fin immédiatement. Il est urgent de refaire confiance aux enseignants. On s’accorde à dire qu’enseigner est un art, pourtant tout s’acharne à faire de ce geste « artistique » une discipline sous cloche.

Dans une école en bonne santé, il n’appartient pas aux usagers, ni d’ailleurs à quelque organisme que ce soit, de définir les buts et moyens de l’éducation, parce que ces derniers découlent en réalité de la nature des choses elles-mêmes, à commencer par celle de l’esprit humain et ce qui lui convient, dans un cadre préservé qui favorise une réflexion sereine et qui proscrive toute polémique stérile.

Pour autant toute liberté ne peut correctement s’exprimer sans cadre ni sans contrôle.

La composition et le fonctionnement du Conseil supérieur de l’Éducation seront revus selon ce principe et dans cet objectif. Le pluralisme y sera encouragé et favorisé afin que cette instance devienne un « parlement de l’éducation ». Les associations de spécialistes y seront enfin représentées, et le ministre de l’Éducation devra rendre compte chaque année de son action et de l’état de l’école devant cette assemblée.

Nous devrons délivrer la formation initiale du jargon pédagogique de « formateurs » à la qualification hasardeuse ainsi que de leur tutelle arbitraire pour y substituer une formation pédagogique de terrain et collégiale débutant, en amont des concours, par des stages rémunérés, le succès au concours entraînant quant à lui la titularisation immédiate. Il n’y aura donc plus de « professeur stagiaire », on sera d’abord stagiaire ou assistant, puis on deviendra professeur de plein exercice par la réussite au concours de recrutement.

On remettra enfin au cœur de l’école, à tous les niveaux et dès les plus petites classes, un enseignement disciplinaire fondé sur des programmes clairs, ordonnés et explicites ainsi que sur des méthodes éprouvées. Le Conseil supérieur des programmes ayant montré depuis sa création son incapacité à écrire de tels programmes, il sera dissout et cette mission de la plus haute importance sera confiée à une Inspection générale renouvelée dans un ministère lui-même entièrement réorganisé et allégé. Enfin, la nature de ce qui est enseigné à chaque niveau, au moins dans ses grandes lignes, sera défini au niveau parlementaire par les représentants du peuple via une commission ad-hoc car il ne doit pas être de la compétence du pouvoir exécutif d’en décider ni d’en disposer à sa guise.

Enfin, pousser 80% d’une génération au « baccalauréat » est une absurdité qui démonétise tout un système éducatif et fait peser sur lui une pression insensée. On dévalorise sottement les formations professionnelles pendant qu’on entasse dans les classes des filières générales ou technologiques des élèves peu motivés dont une partie n’a pas forcément de goût pour les études et subit sa scolarité sans en tirer profit.

Décloisonner les parcours et rendre attractif l'enseignement professionnel.

Il est temps d’élargir la filière de l’enseignement professionnel à des domaines qui ne sont accessibles actuellement que par la voie générale, et de la concevoir d’abord comme une formation sérieuse et exigeante qui se distingue de la filière dite générale non par son niveau réputé ou supposé mais par sa finalité et ses débouchés effectifs sur un métier ou, le cas échéant, une famille de métier. Nous devons veiller à décloisonner les parcours, tout en prenant garde au lobbying qui s’exerce sur ces lycées de la part des corporations concernées.

Contenu et

PROGRAMMES

Tout élève doit trouver à l’école ce qui ne lui est pas procuré par son environnement familial et social. C’est ce qui la rend à ses yeux utile et véritablement attractive. Cela ne concerne pas seulement une nourriture équilibrée mais aussi l’accès aux livres et à la culture au sens le plus élevé du terme.

Afin de valoriser à nouveau les savoirs plutôt que les « compétences » définies ainsi par ceux qui prennent l’école pour une antichambre de Pôle Emploi, la liberté pédagogique des enseignants doit être totale dans les cadres larges définis par le Conseil supérieur de l’Éducation. Nous devons recruter de bons professeurs et leur faire confiance. Tout ce qui a fait ses preuves doit pouvoir être utilisé, dupliqué et l’autonomie pédagogique doit aussi se situer au niveau des établissements qui doivent pouvoir tester les méthodes de leurs choix pour le bien de tous.

Nous généraliserons les classes multi-niveaux en maternelle et multiplierons les expériences à l’école élémentaire, avec un surcroît de techniques Montessori/Freinet discutées avec les enseignants, en faisant attention aux éventuels surcoûts de matériel (à fabriquer en classe chaque fois que c’est possible).

Les programmes en général devront subir un audit général pour :

  • Garantir aux élèves l’acquisition d’une culture générale acceptable (définie par des assises nationales de la culture générale).
  • Assurer au peuple français une connaissance suffisante de lui-même et de son histoire.
  • Éradiquer l’illettrisme en retrouvant les heures d’enseignement perdues « pour rien » (rythmes scolaires, transversalité, etc.) pour les consacrer à l’apprentissage du français (expression écrite et orale).

Les nouveaux programmes, libérés eux aussi du jargon « pédagogiste », devront privilégier l’expérience et la tradition éducative sur l’apport des « neurosciences » de l’éducation (réelles ou supposées) pour ce qui concerne le secondaire. L’écriture inclusive (déjà en vogue dans plusieurs facultés et certains documents internes de l’administration) y sera naturellement proscrite.

Les technologies numériques, les écrans et tous les gadgets qui prolifèrent dans la société extérieure n’ont pas leur place à l’école et ne doivent y entrer qu’avec mesure et précaution, notamment à la condition que les capacités cognitives de l’enfant soient suffisamment développées pour que ces technologies lui soient bénéfiques et non préjudiciables. Elles seront par conséquent reléguées au strict minimum durant l’enseignement élémentaire. Google ne doit pas supplanter le développement de la mémoire chez l’enfant et devenir la planche de salut d’un apprentissage sous perfusion informatique et donc, de fait, défaillant. L’usage des ressources informatiques est introduit à partir du collège et au lycée aux seules fins de travaux pratiques ou dirigés. Et comme il faut toujours comprendre ce que l’on utilise, une initiation au codage sera introduite dès la classe de 6ème en cours de technologie.

  • En Histoire comme en littérature, la chronologie sera remise au premier plan avec un maximum de supports visuels comme les frises et une attention soutenue aux liens historiques entre les périodes et les auteurs où les périodes, les inventions, les auteurs, etc. seront mis en relations historiques.
  • Dans le primaire et le secondaire, nous introduirons 30 minutes de sport ou de danse le matin ainsi qu’en fin d’après-midi. Certaines heures récupérées sur la réforme dite des « rythmes scolaires » seront consacrées à un socle commun d’ateliers pratiques essentiels (jardinage, cuisine, architecture…).
  • Grâce aux cours d’éducation civique, les élèves seront sensibilisés aux textes fondateurs de la République tels que la Constitution ou la Déclaration des droits de l’homme. C’est le lieu pour débattre de la notion de nation ainsi que pour une éducation citoyenne sur la consommation de l’information, la capacité à remettre en cause et à vérifier les sources.

Enfin, nous réinstaurerons le redoublement, quel que soit le niveau concerné. Le rétablissement d’une scolarité sérieuse et profitable pour tous nécessite le retour à des évaluations fiables et exigeantes, une définition du parcours scolaire par années et niveaux et l’abandon du principe des « cycles » qui engendre, autant qu’il peine à les dissimuler, le retard accumulé et le quasi-illettrisme qui se répand.

Conditions de travail

ET ADMINISTRATION

Pour recruter des enseignants de qualité, nous devons enrayer la crise du recrutement par le retour du sens du métier et un signal sur l’augmentation des salaires de 10% pour se rapprocher du mieux-disant européen (à laquelle s’ajoute l’abolition de la CSG et de la CRDS). Cette augmentation sera en partie financée par le non-renouvellement de certains effectifs administratifs qui n’ont pas fait la preuve de leur efficience.

Le recrutement des instituteurs et des institutrices devra s’amplifier pour atteindre un objectif de 20 élèves maximum par classe à l’école élémentaire.

Il faudra aussi donner plus de moyens aux sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), et obtenir les conditions nécessaires pour généraliser le soutien scolaire.

Dans l’ensemble, il faut libérer les professeurs du poids démesuré de l’administration, dont la hiérarchie doit être recentrée sur ses propres tâches, avec à la clé la suppression de postes inutiles ou redondants dans l’encadrement et le pseudo-management. Par ailleurs, il n’est pas tolérable que des chefs d’établissements et des inspecteurs ne soient jamais passés devant des élèves. L’inspection académique doit faire son retour d’avant sa fusion avec l’inspection administrative, en limitant l’esprit de corps en imposant aux inspecteurs de faire la classe au moins une année sur cinq.

Enfin, pour être le plus possible en prise avec le monde professionnel qui attend leurs élèves, les enseignants du secondaire et du supérieur devront effectuer des stages de deux semaines par an pendant les cinq premières années de leur carrière, dans cinq entreprises différentes de leur choix. Les CPE y seront astreints chaque année sur toute la durée de leur carrière. Aux CPE s’ajouteront la création de postes de SOP (sociologues d’orientation professionnelle).

En fin de carrière, ouverture (et généralisation) d’une filière de retrait progressif de la fonction par une orientation vers le tutorat de jeunes enseignants avant le départ à la retraite.

Pour ce qui concerne la discipline, nous mettrons en place un règlement commun assorti de sanctions communes à tous les établissements afin que les règles de civilité et de respect soient les mêmes pour tous les élèves. Un contrat de bonne conduite sera accepté par l’élève de façon solennelle (et communiqué aux parents) avec lecture du règlement intérieur de l’établissement en classe dès la rentrée.

La sécurité doit être garantie pour tous, élèves et personnels, dans tous les établissements et sur l’ensemble du territoire. Le soutien a priori des personnels doit être la règle pour ne pas vivre de nouvelles affaires Samuel Paty, et des sanctions spécifiques seront définies pour le chef d’établissement si une omerta qu’il couvre vient à dégénérer.

Pour les problèmes de délinquance « classique », les quelques centaines de mineurs hors de contrôle que les collèges se repassent jusqu’à leurs seize ans malgré des dossiers qui pourraient leur valoir la prison et des comportements qui empêchent des classes entières de travailler seront pris en charge par des centres éducatifs militaires fermés. Ces jeunes en perdition doivent être repris en main par des gens qu’ils pourront considérer comme des modèles et qui pourront les rattacher à nos institutions par l’exemple suprême du don de soi à la nation. Les volontaires de nos corps d’élite (légion, etc.) seront sélectionnés prioritairement pour cette tâche.

Dans les ZEP, nous introduirons une incitation financière pour le transfert de professeurs volontaires et chevronnés (au moins dix années d’expérience), sélectionnés sur dossier et non sur le calcul des « points » qui condamne les jeunes enseignants inexpérimentés et malchanceux à un « bizutage » forcé dans les classes les plus difficiles.

L’enseignement

SUPÉRIEUR

En plus de l’augmentation des bourses d’études, une attention particulière devra être portée sur les problématiques de logement des étudiants : restauration des cités universitaires et augmentation du nombre de logements CROUSS par une politique d’incitation fiscale auprès des loueurs.

Le déclenchement du RSA doit intervenir dès 21 ans pour les jeunes diplômés qui ne trouvent pas immédiatement un travail, et l’Assistance Sociale être davantage présente dans l’enseignement supérieur pour les cas qui le nécessitent.

Le système Parcours-Sup devra être refondé pour plus de transparence et d’équité. Des sessions d’information seront organisées auprès des élèves et des parents sur l’orientation et les trajectoires d’études de la quatrième à la terminale sur un rythme semestriel.

Nous abrogerons la loi LRU (loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités), car l’université n’est pas une entreprise. La politique visant à l’autonomie financière des universités grâce aux financements privés doit prendre fin. Nous introduirons à la place un financement autonome progressif des établissements supérieurs publics par un pourcentage microscopique des revenus des anciens élèves tout au long de leur vie.

La gouvernance des universités sera révisée grâce à une représentation plus respectueuse de la diversité des acteurs présents sur le campus. Les représentants d’instances extérieures à l’Enseignement comme les acteurs socio-économiques ou des chefs d’entreprise seront exclus des conseils d’administration. En règle générale, nous organiserons l’indépendance et la mise à distance des industriels des cursus d’enseignement afin d’éviter les conflits d’intérêts et le prosélytisme commercial.

Avec la rigueur nécessaire, l’université incitera dans ses cours et ses documents internes à l’emploi de mots français, sans écriture inclusive.

Enfin, par la mise à disposition de salles dans les facultés, nous faciliterons la création d’universités populaires accessibles à tous, lieux de diffusion élargie du savoir et de débats citoyens sur les perspectives ouvertes par les avancées de la recherche et les évolutions sociétales.

Recherche

LE NÉCESSAIRE ÉTAT DES LIEUX

Les grands instituts publics de recherche (CNRS, Inserm, INRA etc.) doivent être réorganisés, en tant qu’émetteurs d’appels à projets mais exclus des procédures d’attribution de « projets blancs ». Les commissions d’attribution de l’ANR devront aussi être réévaluées et leurs membres diversifiés.

Pour ce qui concerne la recherche privée, il sera mis fin au Crédit Impôt Recherche (CIR), largement dévoyé, avec à la clé une économie de six milliards de francs. La mobilisation du capital-risque et du capital-investissement devront permettre le financement des projets les plus utiles, réglant notamment la propriété des brevets qui ne seront ainsi plus issus de financements hybrides publics/privés.

Dans le même temps, il faudra procéder à la réappropriation de certains brevets pour rompre avec la pratique de brevetage par les labos privés des résultats de recherches menées par des structures publiques. Les résultats de recherches issues du public (bien patrimonial) doivent faire l’objet d’un brevetage par le public (ou d’un brevet partagé au prorata de l’investissement) avant l’octroi éventuel d’une licence d’exploitation au privé.

Voici le programme pour l’Enseignement de la France, créé par les citoyens de plusieurs collectifs réunis dans La Concorde Citoyenne.

Il est défendu par Fabrice Grimal aux élections présidentielles de 2022.